Afrique : Comment l’ATAF lutte contre les flux financiers illicites
Les flux financiers illicites privent l’Afrique de près de 85,4 milliards d'euros par an. Le Forum des Administrations Fiscales Africaine (ATAF) multiplie les initiatives pour renforcer les systèmes fiscaux, nouer des partenariats stratégiques et récupérer ces ressources nécessaires au continent.

Chaque année, l’Afrique perd environ 85,4 milliards d’euros en raison de flux financiers illicites (FFI), un fléau qui entrave le développement du continent, selon un rapport de l'ONU publié en 2020. Ces flux financiers transfrontaliers, illégaux par leur origine, leur transfert ou leur objectif, drainent les ressources nécessaires au développement.
Le Forum de l'administration fiscale africaine (ATAF), une coalition de 44 pays africains, intensifie ses efforts pour lutter contre ces flux financiers illicites et récupérer les recettes fiscales.
« Les flux financiers illicites affaiblissent la capacité de l'Afrique à financer son développement et sapent les bases financières nécessaires à une croissance durable », explique Logan Wort, secrétaire exécutif du Le Forum des Administrations Fiscales Africaine.
À ce jour, l'ATAF a permis aux membres de récupérer plus de 1,7 milliard d'euros de recettes fiscales, une avancée majeure dans la lutte contre ces flux financiers illégaux.
Une approche globale
Conscient de la complexité de ces crimes financiers, l'ATAF travaille à l'amélioration des systèmes fiscaux à travers l'Afrique. L'organisation aide les pays à identifier et à résoudre les causes principales de la perte de revenus. Cela comprend des enjeux telles que les enquêtes fiscales et la gestion des risques.
Un élément important de cette démarche est le modèle de convention de double imposition développé par l'ATAF, qui aide les pays africains à négocier des accords fiscaux plus équitables. Ce modèle vise à limiter l'exploitation des ressources de l'Afrique, qu’elles soient naturelles ou humaines, tout en favorisant la transparence fiscale et l'équité. Par ailleurs, les notes d’orientation et les approches proposées par l’ATAF constituent des ressources essentielles pour ses membres dans la lutte contre les flux financiers illicites.
Renforcer l'administration fiscale est « essentiel pour le développement de l'Afrique », d’après Logan Wort. « Grâce à des initiatives conjointes, nous faisons d'importants progrès pour réduire les flux financiers illicites et améliorer la mobilisation des ressources intérieures », ajoute-t-il.
Des efforts collaboratifs
Le travail de l'ATAF va au-delà de ses États membres grâce à des partenariats avec des organisations mondiales et régionales, telles que la Commission de l'Union africaine, le Réseau de la justice fiscale en Afrique (TJNA) ou encore la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (UNECA).
Un accomplissement majeur de ces collaborations est l'adoption de l'Accord africain d'entraide mutuelle en matière fiscale (AAMATM) par les ministres des Finances africains. Cet accord, élaboré par l'ATAF, établit un système permettant aux pays africains de partager des informations, d’évaluer collectivement les impôts et de les récupérer au-delà des frontières. Ces mécanismes sont essentiels pour améliorer la transparence et lutter contre les flux financiers illicites.
« La signature et la ratification de l'AAMATM par les États membres constitueront un tournant dans notre lutte contre les flux financiers illicites », souligne Logan Wort. « Cela facilitera la coopération entre les nations africaines, ce qui rendra plus difficile la dissimulation et l'impunité des activités illicites. »
Des partenariats mondiaux
L'ATAF collabore également avec l'initiative « Inspecteurs fiscaux sans frontières » (TIWB), elle-même soutenue par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). En tant que partenaire stratégique de TIWB en Afrique, l’ATAF améliore l’efficacité des administrations fiscales en offrant des assistances techniques sur mesure.
En effet, à travers ces partenariats, l’ATAF renforce la capacité des administrations fiscales à évaluer et à percevoir les impôts des multinationales. Cela permet d’établir un système fiscal plus juste et de lutter contre l’évasion fiscale.
Une Afrique prospère
Les actions menées par le Forum africain des administrations fiscales témoignent de l'importance d'une stratégie concertée pour relever le défi des flux financiers illicites. En récupérant les ressources perdues à cause de ces flux, les pays africains peuvent réinvestir dans des secteurs vitaux comme l’éducation, la santé et les infrastructures, stimulant ainsi la croissance et améliorant la qualité de vie de millions de personnes.
Alors que la lutte contre les flux financiers illicites se poursuit, les travaux de l'ATAF démontrent que la collaboration et les stratégies innovantes peuvent véritablement changer la donne.
Pour plus d'informations sur l’actualité de l'ATAF, visitez leur site officiel [www.ataftax.org].
Autres sources : https://www.un.org/osaa/news/tackling-iffs-matter-survival-africa%E2%80%99s-development