Léon XIV, un pape entre engagements progressistes et fidélité aux doctrines traditionnelles
Élu jeudi au deuxième jour du conclave, Léon XIV entend incarner un style sobre mais résolu, dans la continuité du pape François. Tour d'horizon des différents positionnements du nouveau souverain pontife.
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Alors que ses partisans le définissent comme un "juste milieu digne", le pape Léon XIV, par ses divers positionnements, pourrait en effet incarner un certain centrisme au sein de l'Église catholique, combinant des engagements sociaux progressistes et une fidélité aux doctrines traditionnelles.
LGBT+, place des femmes, réchauffement climatique, abus sexuels su sein de l'Église, dialogue interreligieux... France 24 fait le point sur ses prises de position sur certains sujets clés qui seront au cœur du pontificat du nouveau Pape, âgé de 69 ans.
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Communauté LGBT+ et unions de même sexe
Alors le son prédécesseur, le pape François avait, en octobre 2013, publié une lettre soutenant une bénédiction des unions homosexuelles sous certaines conditions, Léon XIV affiche une position bien plus prudente que celle du défunt souverain pontife. En octobre 2024, le cardinal Robert Francis Prevost avait en effet exprimé la nécessité d'un dialogue approfondi entre chaque conférence épiscopale afin de discuter des bénédictions au cas par cas afin de tenir compte des différences culturelles à travers le monde, l'homosexualité étant encore criminalisée dans certains pays, selon un rapport du Collège des cardinaux.
Le New York Times rappelle par ailleurs que dans un discours aux évêques en 2012, le cardinal américain avait déploré que les médias et la culture populaire en Occident encouragent "la sympathie pour des croyances et des pratiques contraires à l'Évangile", évoquant le "mode de vie homosexuel" et les "familles alternatives composées de partenaires de même sexe et de leurs enfants adoptés".
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Rôle des femmes dans l'Église
Léon XIV s'oppose à l'ordination des femmes. Selon le rapport du Conseil des cardinaux, le cardinal Prévost avait déclaré lors de la XVIe Assemblée générale ordinaire du synode des évêques, en octobre 2023, que "cléricaliser les femmes" – c'est-à-dire les ordonner à des rôles cléricaux – ne résoudrait pas les problèmes de l'Église et pourrait même en créer de nouveaux.
Il soutient cependant une plus grande inclusion des femmes dans les rôles de leadership non ordonnés au sein de l'Église.
Sous sa direction, trois femmes ont été intégrées au groupe votant pour les nominations épiscopales, une réforme notable initiée sous le pape François.
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Changement climatique
Poursuivant l'engagement écologique du pape François, Léon XIV, dont les responsabilités en Amérique latine ont clairement influencé sa vision du défi climatique, a déclaré en novembre 2024 que "la domination de l'humanité sur la nature ne devait pas être tyrannique", mais "une relation de réciprocité", et que la réponse au changement climatique devait être guidée par la doctrine sociale de l'Église.
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Justice sociale et immigration
Sur ce point, Léon XIV rejoint la doctrine de son prédécesseur en mettant l'accent sur la compassion envers les migrants et les personnes marginalisées. Le cardinal Robert Francis Prevost a passé une vingtaine d’années en Amérique du Sud. Il a servi au Pérou, où il est devenu évêque et citoyen naturalisé.
Auprès de Reuters, Jesus Leon Angeles, coordinateur d'un groupe catholique péruvien qui connaît personnellement Robert Francis Prevost, a déclaré que le nouveau pontife avait toujours fait preuve d'attention envers les migrants vénézuéliens au Pérou où ils sont plus de 1,5 million à vivre en raison de l'instabilité économique dans leur pays.
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Abus sexuels dans l'Église
Si le pape Léon XIV a exprimé son engagement en faveur de la transparence et du soutien aux victimes d'abus sexuels dans l'Église, des critiques ont toutefois émergé concernant sa gestion passée de cas d'abus, notamment à Chicago et dans la ville péruvienne de Chiclayo, où il a été accusé de ne pas avoir enquêté sur des plaintes pour abus, et de permettre à des prêtres mis en cause de continuer leur ministère.
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Promotion d'une "Église synodale"
Fervent partisan de la synodalité, Robert Francis Prevost a même été décrit comme un "partisan bruyant" de l'accent mis par le pape François sur la nécessité de rendre les structures de l'Église plus inclusives et participatives. Considérant la synodalité comme un moyen de remédier à la polarisation au sein de l'Église, il l'associe à la nécessité de consulter et d'impliquer les laïcs, précise le rapport du Collège des cardinaux.
C'est d'ailleurs un point crucial de son tout premier discours prononcé en tant que pape, le 8 mai. Léon XIV a alors souligné sa volonté de promouvoir une Église "synodale" et "proche des personnes qui souffrent".
"Nous devons chercher ensemble comment être une Église missionnaire, une Église qui construit des ponts, qui dialogue, toujours ouverte à l'accueil, comme cette place, à bras ouverts, de tous ceux qui ont besoin de notre charité, de présence, de dialogue, d'amour."
Pape Léon XIV, le 8 mai 2025 depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre
À la question de savoir si Léon XIV est un pape plutôt libéral ou conservateur, le média en ligne américain Vox répond "Ni l'un, ni l'autre". Celui-ci semble s'inscrire dans la continuité des réformes initiées par le pape François, et s'annonce comme une nouvelle étape importante pour l'Église, entre réforme, prudence institutionnelle et audace pastorale.
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Reste à savoir si la volonté de transformation affichée par le nouveau pontife tiendra la promesse d'un renouveau en profondeur.