En Côte d'Ivoire, l'opposant Tidjane Thiam réélu sans surprise à la tête de son parti
Deux jours après avoir démissionné de son poste, Tidjane Thiam a été élu mercredi à la tête du PDCI, principal parti d'opposition ivoirien. Ce scrutin joué d'avance était destiné à renforcer sa légitimité après des mois d'imbroglio autour de sa nationalité alors que se profile la présidentielle du 25 octobre.

Une démission pour mieux être réélu. Tidjane Thiam a été élu mercredi 14 mai à la tête du PDCI, principal parti d'opposition ivoirien, dans une élection où il était le seul candidat, deux jours après avoir démissionné de ce poste pour se représenter et mettre fin à une saga judiciaire contestant sa légitimité.
Cette élection ne règle toutefois pas la question de son inéligibilité à la présidentielle du 25 octobre : Tidjane Thiam fait partie des opposants au président ivoirien Alassane Ouattara qui sont radiés de la liste électorale et ne peuvent pas participer au scrutin.
"Le candidat Cheick Tidjane Thiam a obtenu 5 190 voix soit 99,77 %", a déclaré Georges Ezaley, vice-président du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), à l'issue d'un congrès extraordinaire pour élire le chef du parti, où le taux de participation s'est élevé à 92,7 %.
"Est donc élu comme président du PDCI M. Cheick Tidjane Thiam", a-t-il ajouté devant la presse à la Maison du Parti, à Abidjan, sous les applaudissements de quelques dizaines de militants.
Tidjane Thiam avait annoncé lundi sa démission de la présidence du parti, à laquelle il avait accédé en décembre 2023, se disant victime de "harcèlement judiciaire".
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Cette démission était purement formelle et visait principalement à anticiper une décision de justice risquant d'invalider son élection de décembre 2023, explique-t-on au sein du PDCI.
Une militante du PDCI conteste en effet cette élection, estimant que Tidjane Thiam n'était pas ivoirien au moment du scrutin. Une audience à ce sujet reste prévue jeudi.
La question de sa nationalité – il a été français de 1987 à mars dernier – empoisonne la campagne de Tidjane Thiam, qui est hors du pays depuis près de deux mois.
La justice a mis en avant fin avril l'article 48 du code de la nationalité, datant des années 1960, qui indique que l'acquisition volontaire d'une autre citoyenneté entraîne la perte de la nationalité ivoirienne.
Elle l'a ainsi radié des listes électorales, estimant qu'il n'était pas ivoirien au moment de son inscription en 2022, l'excluant de facto de la course à la présidentielle.
Bataille pour la présidentielle
Mercredi, Tidjane Thiam a été réélu président du PDCI en étant cette fois "100 % ivoirien", puisqu'en renonçant à la nationalité française en mars, il a retrouvé, selon les autorités, la nationalité ivoirienne qu'il avait perdue.
"Nous sommes venus réitérer notre soutien à Tidjane Thiam, nous avons la conviction qu'il sera candidat, et qu'il sera élu en 2025. Il n'y a pas de plan B", a déclaré à l'AFP Élisabeth Golli, une militante, au siège du parti dans la commune de Cocody à Abidjan.
Mais il reste radié de la liste électorale et aucune révision de celle-ci n'est prévue avant la présidentielle du 25 octobre.
Trois autres figures de l'opposition ayant annoncé leur intention d'être candidats sont absentes de la liste électorale, en raison de condamnations judiciaires : l'ancien président (2000-2011) et opposant Laurent Gbagbo, son ancien bras droit Charles Blé Goudé et l'ancien chef rebelle et Premier ministre Guillaume Soro.
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Mercredi, Georges Ezaley a estimé que la réélection de Tidjane Thiam était un "signal fort". "On ne touche pas au PDCI, on ne touche pas à son président", a-t-il ajouté, dénonçant un "système de harcèlement, contre le PDCI et contre son président avec une instrumentalisation de l'appareil judiciaire".

Les autorités récusent de leur côté toute intervention politique dans le processus électoral, assurant qu'il s'agit de décisions prises par une justice indépendante.
Le président Alassane Ouattara, 83 ans, au pouvoir depuis 2011, ne s'est de son côté pas encore prononcé sur une éventuelle candidature mais s'est dit "désireux de continuer à servir son pays".
L'ex-ministre du Commerce Jean-Louis Billon, membre dissident du PDCI, s'est également lancé dans la bataille à la présidentielle, où il devrait être candidat indépendant.
Avec AFP