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Le Qatar passe une commande record de 96 milliards de dollars à l'Américain Boeing

Amériques

La compagnie Qatar Airways a signé mercredi, durant la visite dans l'émirat du président Donald Trump, un accord pour se procurer jusqu'à 210 appareils auprès de Boeing. Un signal fort pour l'avionneur américain qui accumule les déboires depuis plusieurs années.

L'émir du Qatar Tamim ben Hamad al-Thani, le président américain Donald Trump, les PDG de Boeing Kelly Ortberg et de Qatar Airways Badr Mohammed al-Meer au palais royal de Doha le 14 mai 2025.
L'émir du Qatar Tamim ben Hamad al-Thani et le président américain Donald Trump, au centre de la photo, avec les PDG de Boeing Kelly Ortberg (à gauche) et de Qatar Airways Badr Mohammed al-Meer (à droite) signant des documents au palais royal de Doha le 14 mai 2025. © Karim Jaafar, AFP

Boeing reprend de l'altitude. La compagnie aérienne Qatar Airways a passé commande portant sur 210 avions pour une valeur de 96 milliards de dollars à Boeing, a annoncé mercredi 14 mai la Maison Blanche, à l'occasion de la visite de Donald Trump dans l'émirat.

C'est un signal fort sur le plan commercial pour l'avionneur américain, qui se redresse progressivement après plusieurs années difficiles, même s'il peine à accélérer production et livraisons.

Si Boeing et ses clients divulguent très rarement le prix des appareils achetés, il s'agit vraisemblablement de la plus grosse commande jamais enregistrée par Boeing en valeur.

La plus conséquente en nombre d'appareils avait été passée, en 2023, par la compagnie Air India (220 avions), mais elle portait en grande majorité sur des monocouloirs 737 MAX, alors que le contrat avec Qatar Airways concerne uniquement des gros porteurs 787 Dreamliner et 777X.

"C'est la plus importante commande d'avion dans l'histoire de Boeing", a assuré Donald Trump, précisant qu'elle représentait "plus de 200 milliards de dollars pour 160 avions, c'est fantastique, c'est un record".

L'écart entre le chiffre communiqué par le chef de l'État américain et la Maison Blanche pourrait s'expliquer par la différence entre des commandes fermes et des options.

Le prix catalogue d'un 787 Dreamliner est d'environ 250 millions de dollars et celui d'un 777X aux alentours de 440 millions, soit un total inférieur aux chiffres communiqués dans tous les cas de figure, la ventilation entre les deux modèles n'ayant pas été annoncée.

Le 777X n'a pas encore reçu sa certification par l'Agence américaine de l'aviation civile (FAA). Il est en phase de tests et le groupe aéronautique table sur une première livraison en 2026.

"Cela représente beaucoup d'avions", a réagi Nicolas Owens, analyste de Morningstar, "mais si vous commandez un avion aujourd'hui, vous ne le recevrez pas avant au moins cinq ans".

Boeing dans la tourmente

En proie à des problèmes de qualité depuis plusieurs années, Boeing a été contraint par la FAA de ralentir sa production du 737 MAX début 2024 après un incident en vol début janvier.

La séquence a mené au départ, fin 2024, du directeur général Dave Calhoun, remplacé par Kelly Ortberg, un vétéran du secteur, qui a passé l'essentiel de sa carrière chez l'équipementier aéronautique Rockwell Collins.

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Boeing a également souffert d'une grève de plus de cinquante jours qui a bloqué deux usines cruciales entre mi-septembre et début novembre.

"C'est une bonne nouvelle, mais Boeing ne va rien gagner sur ces avions avant longtemps", a insisté Nicolas Owens, pour qui l'inclusion du 777X est "un signe de confiance émanant d'un client de longue date".

Vers 17 h 15 GMT, le titre prenait 1,46 % à la Bourse de New York. Il a atteint, en séance, son plus haut niveau depuis 15 mois.

Sur les quatre premiers mois de l'année, le groupe a enregistré 261 commandes nettes.

"Ils avaient besoin de se reprendre en main et il semble qu'Ortberg soit en train d'y réussir", selon Nicolas Owens.

Un accueil fastueux pour Donald Trump

La commande de Qatar Airways intervient quelques heures seulement après que les autorités chinoises ont autorisé la reprise des livraisons d'avions Boeing aux clients chinois. Celles-ci avaient été suspendues mi-avril en réponse aux droits de douane imposés par Donald Trump aux produits chinois importés aux États-Unis.

Les deux pays ont accepté lundi de réduire drastiquement ces tarifs douaniers durant 90 jours, le temps de parvenir à un accord commercial.

L'annonce de la commande a été faite mercredi alors que le président américain signait une série d'accords à Doha aux côtés de l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani. Certains portaient sur la défense, notamment la fourniture de drones MQ-9B.

Lors de sa première étape dans la région, à Riyad, Donald Trump a créé la surprise en annonçant la levée des sanctions visant la Syrie et en rencontrant son président islamiste, Ahmad al-Chareh.

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À Doha, Donald Trump a reçu un accueil tout aussi fastueux qu'à Riyad. L'émir du Qatar s'est déplacé à l'aéroport pour l'accueillir et l'avion présidentiel américain a eu droit à une escorte d'avions de combat qataris.

Mais ce passage à Doha a pour arrière-plan un scandale politique. L'opposition démocrate aux États-Unis reproche au milliardaire d'avoir accepté "le plus gros pot-de-vin étranger de l'histoire récente".

En cause, un Boeing 747-8 offert à Donald Trump par la famille royale qatarie pour remplacer au moins provisoirement son avion officiel, et pour l'utiliser après son mandat.

Avec AFP