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Affaire Bétharram : François Bayrou dénonce une tentative de "l'obliger à démissionner"

France

Entendu mercredi à l'Assemblée nationale dans le cadre de l'affaire Bétharram, un établissement catholique béarnais accusé d'avoir été le théâtre de violences, y compris d'agressions sexuelles, sur des élèves, François Bayrou a considéré que son audition avait pour but de le "coincer" pour l'"obliger à démissionner".

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Le Premier ministre François Bayrou lors de son audition à l'Assemblée nationale, à Paris, le 14 mai 2025, sur l'affaire du collège-lycée Notre-Dame-de-Bétharram.
Le Premier ministre François Bayrou lors de son audition à l'Assemblée nationale, à Paris, le 14 mai 2025, sur l'affaire du collège-lycée Notre-Dame-de-Bétharram. © Gonzalo Fuentes, Reuters

"Il s'agissait de me coincer pour m'obliger à démissionner." Offensif, François Bayrou a rejeté mercredi 14 mai à l'Assemblée nationale les accusations de mensonge ou de mansuétude à l'égard des dirigeants du collège-lycée Notre-Dame-de-Bétharram, redisant sous serment ne pas avoir eu d'informations privilégiées sur les violences physiques et sexuelles dans l'établissement.

Le Premier ministre a dédié son audition par une commission d'enquête parlementaire aux "victimes". "Si ma présence comme cible politique a permis que ces faits apparaissent, ce '#MeToo' de l'enfance, alors cela aura été utile", a-t-il affirmé. Les révélations sur Bétharram ont libéré la parole dans d'autres institutions catholiques.

"Vous ne m'avez interrogé que sur moi, sur ma responsabilité, sur ce que j'avais fait ou pas fait, sur le soupçon d'être intervenu – soupçon insupportable – dans l'affaire pour protéger des pédocriminels. Toute l'audition a tourné autour de ça", s'est indigné le Premier ministre, après environ cinq heures d'audition particulièrement tendues.

"Je n'ai jamais été informé de violences"

"J'aurais préféré qu'on parle des victimes" mais "il s'agissait d'une chose, pardon de parler un peu trivialement, il s'agissait de me coincer pour m'obliger à démissionner", a affirmé le Premier ministre, alors que La France insoumise n'a cessé de réclamer sa démission depuis qu'il a affirmé en février à l'Assemblée nationale n'avoir "jamais été informé de quoi que ce soit, de violences ou de violences a fortiori sexuelles" à l'établissement Notre-Dame-de-Bétharram près de Pau.

Signe de son état d'esprit, le chef du gouvernement avait posé près de lui le livre enquête "La Meute", paru la semaine dernière, portant sur le fonctionnement très décrié de La France insoumise (LFI), dont le corapporteur de la commission Paul Vannier est un des députés les plus en vue.

"Je maintiens l'affirmation qui est la mienne. Je n'ai pas eu d'autres informations comme ministre de l'Éducation nationale et je n'ai bénéficié d'aucune information privilégiée", a répondu le Premier ministre lors d'un échange tendu avec l'élu LFI, qu'il a accusé d'avoir "menti" et de "déformer la réalité". "Je n'ai pas eu le sentiment que la commission était totalement objective", a-t-il encore attaqué.

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"Je n'ai pas ma part de responsabilité dans ce dont on m'accusait. Je n'ai pas couvert des pratiques quelles qu'elles soient. Je n'ai pas eu d'informations privilégiées. Je ne suis pas resté sans rien faire quand j'ai découvert les affaires et je ne suis jamais intervenu dans une affaire", a martelé le Premier ministre.

Mais sur la question plus globale des violences contre les enfants, "on a tous une part de responsabilité, tous, quel que soit le département dont on est originaire", a reconnu le maire de Pau, prônant la création d'une "autorité indépendante" sur les violences contre les enfants.

"Pas un aboutissement, une étape", selon les victimes

Pour les victimes, cette audition n'est "pas un aboutissement" mais seulement "une étape", a réagi le porte-parole du collectif des victimes de l'établissement catholique.

"À celles et ceux qui espéraient que cette audition permettrait de tourner la page, nous répondons que ce 14 mai n'est pas un aboutissement, c'est une étape", a déclaré Alain Esquerre, entouré d'une dizaine de victimes, lors d'une conférence de presse à Bordères (Pyrénées-Atlantiques), village où réside aussi le Premier ministre.

"Nous, les victimes, on ne rentre pas dans ce jeu politique, on s'y refuse catégoriquement", a-t-il dit, jugeant néanmoins le chef du gouvernement "un peu malmené" par les parlementaires.

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Le scandale touche intimement François Bayrou, ancien ministre et ancien député, qui a scolarisé plusieurs de ses enfants dans cet établissement catholique réputé, situé près de Pau, la ville dont il est resté maire, et où son épouse a enseigné le catéchisme.

Se sont ajoutées les révélations de sa fille Hélène sur une agression physique par un prêtre dans un camp d'été. Des proches de ce prêtre assurent mercredi dans Libération que François Bayrou avait été informé à l'époque d'une "gifle" donnée à sa fille.

Avec AFP