Festival de Cannes : "Mission impossible", une saga (presque) française
De notre envoyé spécial à Cannes – Avec la première internationale de son huitième et peut-être dernier opus "The Final Reckoning" au 78e Festival de Cannes, la saga "Mission impossible" boucle la boucle d'une longue relation avec la France, qui a débuté dès son tout premier épisode, en 1996.
Il court, il vole et il parle même français (avec un TRÈS gros accent). Trois ans après la première très remarquée de "Top Gun : Maverick", Tom Cruise est de retour au Festival de Cannes, cette fois dans la peau de l’agent spécial Ethan Hunt. Intitulé "The Final Reckoning", le huitième épisode de Mission Impossible, censé clore les aventures survitaminées de son emblématique personnage, reprend l’intrigue du précédent volet : confronté à "L’Entité", une IA malfaisante et autonome qui menace la Terre entière, Ethan Hunt doit en plus faire face à des évènements de son passé qui ressurgissent.
Un spectacle agrémenté de scènes toujours plus spectaculaires : explosion de sous-marin, courses-poursuites en voiture dans des grottes et même une scène où le héros est suspendu à l’aile d’un biplan lancé à toute vitesse.
La présentation du blockbuster (hors-compétition), avec l’équipe du film, au 78e Festival de Cannes, est l’un des événements les plus attendus de la quinzaine. L’occasion de retracer l’histoire particulière liant la saga à succès à la France.

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Ribambelle de Frenchies
Tout débute avec le premier volet de la saga, sorti en 1996. "Mission impossible" suscite alors un fort engouement et pour cause, l’adaptation de la série TV bien connue du public est produite et interprétée par la superstar Tom Cruise, avec aux manettes un maître du thriller, Brian de Palma, à qui l’on doit "Scarface" (1983) ou encore "Les Incorruptibles" (1987).
Mais le film fait également couler beaucoup d’encre pour son casting et la décision d’offrir deux grands rôles à des acteurs français, Jean Reno et Emmanuelle Béart. "La prestation de Jean Reno, en partenaire du héros qui devient traitre, m'a vraiment marqué" se remémore Benoit, fan de la saga rencontré sur la Croisette. "C'était très rare de voir des acteurs français dans des blockbuster américains à l'époque".

Ce choix audacieux aurait émané de Brian de Palma, fan de cinéma européen et en particulier français, qui a convaincu la production de donner une dimension internationale à la saga.
Si Jean Reno avait déjà donné la réplique à Natalie Portman, alors âgée de 12 ans, et à Gary Oldman dans le film "Léon" de Luc Besson, le choix d’Emmanuelle Béart, icône du cinéma d’auteur français, pour incarner Claire Phelps, la co-équipière trouble d’Ethan Hunt, paraissait particulièrement incongru. Au casting, elle a raconté avoir dû improviser une attaque contre Tom Cruise, le plaquant contre le mur, pistolet sur la tempe et que sa performance avait séduit les producteurs.
Depuis, d’autres acteurs français ont participé à la saga : Léa Seydoux en redoutable agent-double et adversaire d’Ethan Hunt dans le quatrième volet "Protocole Fantôme" (2011), Alix Bénézech en policière dans le sixième opus "Fallout" (2018) et enfin Pom Klementieff dans le rôle de Paris, tueuse redoutable, mystérieuse et mutique, présente dans les deux derniers épisodes, "Dead reckoning" (2023) et "The Final reckoning" (2025).
La France mise à l’honneur
Avec un tel casting, la saga ne pouvait pas faire l’impasse sur la France. Elle s’y est pourtant fait désirer. Tourné en Europe centrale, notamment à Prague, ainsi qu’aux États-Unis et au Royaume-Uni, le premier épisode se termine dans un train à grande vitesse en direction de Paris, sans que l’on y voit l’Hexagone. Il faudra attendre le cinquième opus, "Rogue nation" (2015), pour apercevoir par une fenêtre une furtive tour Eiffel, indiquant que l’agent secret se cache à Paris.
Mais c’est dans l’épisode suivant, "Fallout" (2018) que la franchise met véritablement à l’honneur la capitale française. Ethan Hunt y pose ses valises pour empêcher un groupe terroriste d'acquérir du plutonium destiné à des armes nucléaires.
Course-poursuite en moto à contre-sens autour de l'Arc de Triomphe, virage à 180° en voiture sur la place de l’Étoile, parachutage sur le Grand Palais, poursuite en bateau sur la Seine…
Trente-six jours de tournages en plein Paris ont été nécessaires pour réaliser ces multitudes de cascades. Une débauche de moyens extraordinaire qui a mobilisé des centaines de techniciens et généré de lucratives retombées économiques pour Paris – la production y aurait dépensé plus de 35 millions d’euros – sans compter l’impact sur le tourisme d’une telle vitrine.
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Un tournage à visée également politique : le réalisateur Christopher McQuarrie a expliqué avoir voulu adresser un message de soutien à la France après les attentats du 13 novembre 2015 qui ont endeuillé la capitale. "Même si beaucoup de gens se sont montrés réticents, Tom et moi voulions montrer la beauté de Paris, malgré ce qui s'est passé", avait-il expliqué. Un hommage à la Ville Lumière mais également à son cinéma, la course poursuite autour de l'Arc de Triomphe, scène la plus emblématique du film, étant inspirée du court métrage mythique de Claude Lelouch "C’était un rendez-vous" (1976), dans lequel une voiture traverse Paris à toute vitesse en plan-séquence, sans trucages ni effets spéciaux.
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Tom Cruise, le Belmondo américain ?
Enfin, les performances physiques de Tom Cruise dans la saga, son goût du risque et sa volonté de réaliser un maximum de cascades sans doublure lui valent depuis des années une comparaison avec la légende du cinéma français Jean-Paul Belmondo, mort en 2021. Ce dernier a notamment été qualifié de "proto-Cruise" (model original) dans la presse britannique alors que de nombreux médias internationaux ont souligné la filiation entre l’œuvre de l’acteur français et celle de la star américaine.
Leur vision du cinéma présente également des similarités, l’engagement corps et âme dans leurs rôles, même si Jean-Paul Belmondo faisait primer la spontanéité et le plaisir du jeu, là où Tom Cruise cherche avant tout à offrir au public le meilleur spectacle possible.
Tom Cruise n’a jamais revendiqué publiquement s’être inspiré du roi de la cascade français. Mais en 2024, des vidéos et photos de la star américaine en plein tournage à Paris avaient ravivé cette comparaison.
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Un cliché montrait notamment l’acteur sur le pont de Bir-Hakeim, à côté de la promenade Jean-Paul Belmondo inaugurée l’année précédente en hommage à la star française. Immédiatement la rumeur d’un nouveau "Mission impossible" tourné à Paris s’était répandue sur la toile. Tom Cruise allait-il rendre hommage à Jean-Paul Belmondo lors du huitième épisode ? Il s’agissait en réalité des répétitions pour sa performance aux Jeux Olympiques de Paris. Une cascade "bonus" d’Ethan Hunt descendant en rappel depuis le haut du Stade de France avant un voyage de Paris à Los Angeles pour le passage de la Flamme. On ne pouvait rêver plus beau symbole.
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